Champ d’orties

Histoires courtes, textes improvisés et gribouillages

Le livre perdu

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Image par Mystic Art Design de Pixabay

La jeune femme souriait timidement en tendant son livre à la bibliothécaire. Elle savait qu’elle devait sembler bizarre, à emprunter semaine après semaine le même ouvrage, mais elle ne pouvait pas s’en empêcher. Elle n’avait même pas besoin de l’emprunter en théorie, elle en avait déjà plusieurs exemplaires chez elle. Mais celui-ci était particulier. Celui-ci la transportait dans l’histoire, plus encore que les autres. Quand elle l’ouvrait, elle pouvait sentir l’odeur de la mer, et les embruns sur son visage. Elle pouvait entendre les personnages discuter, assister à leurs aventures, passager clandestin et invisible de leur vie.

Alors, inlassablement, elle empruntait le livre à la bibliothèque. Elle veillait à toujours le rendre en temps et en heure, pour ne pas risquer une pénalité. Et elle croisait toujours les doigts pour que personne d’autre ne le réserve. Le rituel était immuable : elle allait à la bibliothèque, le posait sur la table des retours, et attendait. Dès qu’il avait été scanné, elle allait demander pour l’emprunter à nouveau. Ce n’était pas très fair play pour les autres lecteurs, mais elle avait besoin de ce livre. La bibliothècaire avait repéré son petit manège, et la discussion qui avait suivi avait été un peu compliquée. Mais à elles deux, elles avaient trouvé une solution. Un nouvel exemplaire avait été commandé pour la bibliothèque, et elle pouvait continuer à emprunter sans discontinuer celui qui lui paraissait si magique. À présent, elle n’avait plus besoin d’attendre lorsqu’elle rendait son livre. La bibliothécaire le lui mettait de côté une fois scanné. Après avoir sélectionné d’autres romans, elle vint récupérer le «sien», et rentra chez elle, prête à se replonger dans son livre.

Elle n’y parvint pas. Elle le retourna dans tous les sens, observa le code barre de la bibliothèque qu’elle connaissait par sur le bout des doigts, et son cœur rata un battement. Ce n’était pas le bon code barre. Ce n’était pas son livre. Il y avait eu un échange, et la panique s’empara d’elle.

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